À la rencontre de la team Shifters : le 1er programme d'accompagnement digital pour le sommeil des salarié·e·s en horaires décalés.

Matrice Cube, c'est l'incubateur des entrepreneur·e·s innovant·e·s, solidaires et responsables. En 2021, Matrice Cube accueillait la 5ᵉ promotion d'incubé·e·s : des entrepreneur·e·s de talent aux projets uniques et porteurs. Aujourd'hui, on vous propose de découvrir Shifters : le 1er programme d'accompagnement digital pour le sommeil des salarié·e·s en horaires décalés.

Matrice Cube, c’est l’incubateur des entrepreneur·e·s innovant·e·s, solidaires et responsables. En 2021, Matrice Cube accueillait la 5ᵉ promotion d’incubé·e·s : des entrepreneur·e·s de talent aux projets uniques et porteurs. Aujourd’hui, on vous propose de découvrir Shifters : le 1er programme d’accompagnement digital pour le sommeil des salarié·e·s en horaires décalés.

L’équipe Shifters :

Nom : Aisenberg

Prénom : Déborah

Âge : 26 ans

Parcours : Docteur en Pharmacie, M2 en neurosciences cognitives, MSc X-HEC Bioentrepreneurs.

Poste : CEO et fondatrice de Shifters

Nom : Napoléon

Prénom : Joëlle

Âge : 25 ans

Parcours : Diplômée en Sciences de la Vie et en Marketing de la Santé à l’ISEAM.

Poste : CCO

Nom : Sidorenko

Prénom : Marc

Âge : 23 ans

Parcours : ingénieur en informatique spécialisé en Data Science et HealthTech à EPITA.

Poste : CTO

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Déborah Aisenberg, CEO de Shifters, nous raconte l’histoire de la startup qui veut venir en aide aux salarié·e·s travaillant en horaires décalés et souffrant de fatigue chronique.

Merci Déborah de répondre à nos questions. Tout d’abord, peux-tu nous dire ce que signifie Shifters ?

Shift signifie le décalage en anglais et work shift le travail en décalé. Avec Shifters, nous créons la communauté des travailleurs en horaires décalés.

Quels est l’objectif de Shifters ?

Notre objectif est avant tout d’aider toutes les personnes travaillant en décalé. En les accompagnant vers une meilleure gestion de leur sommeil, nous participons à l’amélioration de leur qualité de vie au travail et en général (réduction des accidents, des risques d’erreurs, de burn-out, d’arrêts maladie). On a envie de venir en aide au plus de monde possible et peut-être exporter le programme sur d’autres pays, francophones puis anglophones.

Comment est né Shifters ?

Shifters s’appelait à l’origine Wakee. Tout est né autour d’une discussion avec une médecin urgentiste qui m’avait confié son état de fatigue chronique et son inquiétude vis-à-vis des conséquences de cette fatigue. À l’époque, je participais à un hackathon et l’équipe dans laquelle j’étais s’était penchée sur la problématique du sommeil des professionnels hospitaliers. Nous avions décidé de concevoir un bracelet qui serait capable de mesurer l’état de fatigue de son porteur afin de l’avertir d’une éventuelle prise de risques. C’est durant ce hackathon que mon idée à germer sans réellement se définir concrètement.

Finalement, ce projet n’a pas vu le jour et j’ai pour ma part rejoint le master X-HEC Entrepreneurs. Après 6 mois de formation, on nous a demandé de choisir un projet à développer durant les mois restants du master, j’ai donc décidé de reprendre la problématique du sommeil chez les soignants, mais en l’affinant. Il m’a d’abord fallu vérifier que le besoin était là : j’ai fait circuler un questionnaire auprès du personnel soignant qui a suscité plus de 100 réponses. J’ai dû ensuite qualifier les besoins : pour cela, j’ai effectué plusieurs gardes dans les hôpitaux afin de me rendre compte des rythmes de travail du personnel. Une fois le besoin validé auprès du secteur hospitalier, j’ai affiné ma démarche. Ma volonté était de ne pas travailler sur la sieste : cette dernière apaise momentanément la fatigue, mais n’en soigne pas la cause, elle est symptomatique, mais pas curative. Hors, selon moi, il fallait travailler sur cette cause : comprendre les rythmes de chacun et effectuer des études scientifiques poussées afin de lutter contre cette fatigue chronique. Grâce à ma mère, qui est médecin du sommeil, j’ai eu la chance de multiplier les échanges avec des médecins reconnus dans ce domaine et apprendre auprès d’experts qui m’ont permis d’élargir mes horizons. Cela m’a notamment permis de décentrer mon regard en élargissant ma cible à toutes les personnes en travail posté (en horaires atypiques) : le personnel aérien, le militaire, l’industrie, l’évènementiel, la restauration, etc.

J’ai ensuite beaucoup travaillé sur le programme d’accompagnement scientifique : j’ai réalisé une large étude bibliographique afin de créer une première version du programme d’accompagnement des personnes en horaires décalés. Cependant, après quelques retours, j’ai compris que la première version était un peu trop rude et forçait un changement trop brutal des habitudes. Tous ces retours m’ont beaucoup aidé afin de développer une 2ème version du programme qui est celle que nous avons aujourd’hui.

Afin de tester en temps réel l’application, nous l’avons proposé gratuitement pendant 3 mois au personnel hospitalier durant la première vague de la covid. Nous avons rapidement eu une centaine d’inscrits et les retours utilisateurs étaient impressionnants : des sommeils récupérateurs, moins de somnolence au travail, plus de mémoire et de concentration, etc. Cependant, il a été de plus en plus difficile d’assurer le suivi et la récolte des données manuellement. Je savais que le processus n’était pas vraiment scalable : j’avais besoin de quelqu’un pour l’automatiser. Je suis donc partie à la recherche d’un CTO. C’est comme ça que j’ai rencontré Marc en août 2020. Nous avons signé notre 1er client en novembre, ce qui nous a permis d’effectuer un test sur 20 soignants volontaires de l’Institut Mutualiste Montsouris. Les résultats furent impressionnants : 50% d’erreurs en moins au travail, 90% d’arrêt des somnifères et 100% d’arrêt de somnolence au volant. Nous savions que nous tenions quelque chose, un outil qui pouvait réellement aider le personnel en horaires décalés. Cependant, nous avions besoin de plus de clients et surtout d’une personne qualifiée pour aller les trouver : c’est ainsi que Joëlle nous a rejoint en novembre 2020 afin de booster la partie commerciale. En ce qui concerne les mois à venir, nous réfléchissons à la possibilité de recruter des business developers, un ou une chargé·e de communication et un profil d’UX/UI.

Pour ce qui est des locaux, nous étions 9 mois à Station F grâce au programme pépite Île-de-France et nous venons d’arriver à Matrice Cube, l’incubateur de Matrice.

Quelles sont vos valeurs ?

L’agilité, la confidentialité, le travail d’équipe et enfin l’altruisme.

En quoi Shifters est-il différent ?

L’atout de Shifters est l’énorme possibilité de personnalisation : chaque personne peut entrer son rythme de sommeil, ses besoins en sommeil et son chronotype (si c’est une personne plutôt du matin ou plutôt du soir) et Shifters se sert de ces données pour l’amener vers une structure de sommeil idéal.

Il existe des organismes de formation dédiés aux problématiques de santé des salariés qui fournissent des formations au personnel en horaires décalés. Mais là encore, la formation a ses limites : tout le monde n’est pas 100% attentif durant la formation, l’approche reste très générale et chacun repart avec ce qu’il a pu retenir en tentant de l’appliquer à son propre cas.

Grâce au programme scientifique traduit dans un algorithme (qui est le cœur de notre application mobile Shifters), nous récoltons des données qui nous permettent de personnaliser au mieux le parcours de chacun et même de faire émerger des corrélations entre ces données. Notre approche est spécifique et nous n’avons donc pas réellement de concurrence directe.

On nous assimile parfois à tort à l’application Dreem ou aux startups dédiées au sommeil. Mais notre travail est bien différent et plus spécifique. Nous travaillons auprès d’entreprises souvent surprises et ravies de la solution que nous leur proposons, mais dans le monde de l’entrepreneuriat, on nous a souvent reproché de ne pas proposer notre solution en BtoC (au grand public). C’est pourtant notre choix de nous spécialiser et d’aider des gens dont le besoin de régulation de sommeil est important et nécessaire : ils savent qu’ils vont devoir arrêter leur travail avant la retraite, car leurs horaires de travail augmentent les risques de troubles du sommeil, de surpoids, de perte de mémoire, de risques cardiovasculaires, etc. Le risque de généraliser Shifters serait de dévier de notre objectif originel de venir en aide aux travailleurs qui souffrent de fatigue chronique qui affecte leur quotidien. Selon nous, fournir un outil pour aider tout le monde reviendrait sûrement à délaisser ce public spécifique et ne finalement aider personne.

Quel est votre business model ?

Notre Business model se déploie sur deux phases : tout d’abord, la formation à l’application auprès des salariés des entreprises. Nous formons les employés volontaires par groupe de 20 et pendant 1h pour les initier aux bases du sommeil et à l’utilisation de l’application. Cela permet de réunir un groupe d’individus ayant les mêmes problématiques au sein de la même entreprise. D’ailleurs on s’est rapidement rendu compte que ces employés étaient souvent rassurés de ne pas être seuls dans cette condition : cette formation leur permettait de partager leur expérience et d’appréhender une solution, c’était un moyen pour chacun de pouvoir se dire “je ne suis pas seul et je peux bosser sur ce problème”. Ce service est entièrement payé par l’entreprise.


Comment travaille l’équipe ?

Je m’occupe de la partie scientifique et je suis aussi product owner : je m’occupe des retours utilisateurs, des contacts dans la phase test, des échanges avec les médecins, etc. Je m’occupe également des contenus de l’application et de la partie CEO : organisation de l’équipe, organisation des réunions, stratégie globale, etc. Marc contrôle toute la partie technologique : il développe et gère l’application, l’algorithme, le panel administrateur : tout ce qui est codable est son domaine de prédilection. Ce qui ne nous empêche pas d’échanger énormément tous les deux.

Joëlle, quant à elle, s’occupe de la partie commerciale (notamment de la prospection), du marketing et de la communication (cette dernière partie est bien que souvent confiée à des stagiaires qui viennent en renfort sur quelques mois. Nous accueillons par exemple régulièrement des étudiants en pharmacie qui souhaitent découvrir Shifters). Notre rythme et nos méthodes de travail ont largement été compromis par la covid. On se force à se retrouver deux jours par semaine en présentiel à Matrice. D’ailleurs, on avance plus vite ensemble que chacun de son côté. Enfin, on essaie de respecter le rythme de travail de chacun.

Quelles sont les prochaines étapes pour Shifters ?

Évidemment, signer des clients. Nous allons lancer sous peu la V2 de l’algorithme. On en profitera pour lancer un appel pour tester gratuitement l’application. Ça nous permettra de nous assurer de son bon fonctionnement et de récolter de la data (anonymement) afin d’améliorer le programme d’accompagnement de Shifters.

Pourquoi avoir rejoint Matrice Cube ?

Tout est parti du bouche-à-oreille : Théo de Trusty (startup incubée à Matrice Cube) était un ancien élève d’HEC entrepreneurs. Il nous a informé que Matrice Cube recherchait sa nouvelle promotion d’entrepreneurs, nous sommes donc entrés en contact avec l’équipe de Cube. J’ai tout de suite aimé l’approche de Cube visant à privilégier l’humain plutôt que la rentabilité de la startup, avec notamment des ateliers de travail collectif pour échanger sur nos expériences et évoluer ensemble. Cependant, les différentes vagues de covid ont décalé le recrutement. Entre temps, nous avions postulé et rejoint l’incubateur de Station F. Puis, Matrice Cube est parti à la recherche de sa saison 5 au moment même où nous nous apprêtions à quitter station F. On a donc postulé et rejoint l’aventure. On se sent très à l’aise ici, même si on est encore en mode covid. On n’a pas encore eu l’opportunité de découvrir et de se lier aux autres promotions, mais on a déjà une forte cohésion au sein de la promotion 5.

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