Pourquoi former des artisans d'art à l'entrepreneuriat ?

Il y’a quelques jours, nous clôturions le programme Impulser Saison 2. 19 artisans d’art (plumassier, marqueterie, textile, bois tourné, céramique, et bien sûr vitrail dans notre atelier Barillet construit en 1932 pour un maître-verrier). Parmi ces 19 artisans, 17 femmes. L’entrepreneuriat les attire car il permet de penser son activité au-delà de la pure technique, passion si française et qui manque le fait que l’activité d’artisan suppose aussi de savoir tenir une entreprise. En sortant du geste exclusivement technicien, l’artisanat d’art se pense ainsi davantage au féminin. C’est déjà une première fierté.

Il y’a quelques jours, nous clôturions le programme Impulser Saison 2.

19 artisans d’art (plumassier, marqueterie, textile, bois tourné, céramique, et bien sûr vitrail dans notre atelier Barillet construit en 1932 pour un maître-verrier). Parmi ces 19 artisans, 17 femmes. L’entrepreneuriat les attire car il permet de penser son activité au-delà de la pure technique, passion si française et qui manque le fait que l’activité d’artisan suppose aussi de savoir tenir une entreprise. En sortant du geste exclusivement technicien, l’artisanat d’art se pense ainsi davantage au féminin. C’est déjà une première fierté.

Mais surtout, en 4 mois de programme, j’ai vu progresser le sentiment de légitimité chez les artisans. Tout a commencé en janvier dernier. Très vite, durant la journée de lancement, face à tous ces artisans qui débutaient la formation, j’ai vu notre ennemi invisible bien installé dans la salle : le sentiment d’imposteur. Ce même sentiment qui poursuit les demandeurs d’emploi de nos formations tech se disant qu’ils ne seront jamais crédibles comme développeurs. Ce même sentiment d’imposteur qui travaille nos startupers qui, derrière une posture assurée, ne manquent pas de se dire « mais de quel droit as-tu pensé que tu pourrais faire une entreprise qui réussit ? ». On le connaît, ce sentiment d’imposteur. C’est le plus assidu participant à tous nos programmes !

Si l’on en guérit jamais complètement, ce soir-là à MATRICE, il était tout petit. Car ce que nous avons fait dans cette formation, c’est travailler les postures et techniques de l’entrepreneuriat pour que chaque artisan sache comment conduire son activité. J’ai entendu parler de pré-commande, NFT, réseau de distribution, marketing, business plan… J’ai vu des gens désormais outillés pour assurer à leur talent un débouché économique ; des gens qui se sentent légitimes, tout simplement. Il faut se rendre compte du saut accompli dans la formation impulser que nous menons avec Artisans d’avenir et le Studio La Racine, formidables partenaires.

Une apprenante du programme IMPULSER pendant la soirée de clôture

Et puis, je voudrais aussi apporter un regard plus historique. Parmi les artisanats d’art présentés, tous les matériaux ont eu droit de cité. Sauf un… Le plastique ! Et je voudrais revenir dessus.

Le plastique, c’est une vieille histoire. Les premiers datent de la fin du XIXe siècle. La celluloïd, ce sont les années 1870, le bakélite, c’est 1907 et l’incontournable PVC surgit en 1926, etc. Mais l’accélération du recours au plastique date de l’après-guerre. Par exemple, l’iconique Formica se diffuse en masse après 1949, parmi bien d’autres. Justement, au sortir de la guerre, malgré la victoire, le quotidien est dur, gris, pénurique. Reconstruire un pays détruit est lent. Pour tous, c’est dur. Les mineurs sont exténués, le rationnement perdure même jusqu’en 1949. L’euphorie de la Libération est vite passée. Alors, comment réenchanter ce quotidien gris ? Le plastique va fournir une réponse. Par sa nature malléable et facile à travailler, il peut être coloré et permet ainsi de faire rentrer la couleur dans les foyers. Du bleu, du rouge, du jaune, du vert… le plastique offre une gamme de couleur large, voyante, pétillante. Et, en ce sens, il a été soutenu par les acteurs publics et privés pour rapporter un peu de lumière et de gaieté dans des quotidiens moroses. Le plastique a donc joué un rôle politique et social de premier plan et c’est aussi (outre son coût et sa plasticité) ce qui a fait son succès.

Or nous voilà à un tournant. Nous savons tous que les matières / énergies fossiles qui le composent sont néfastes à la planète et que le plastique porte souvent une forme d’obsolescence programmée. Bref, il n’entre pas dans l’avenir raisonné que l’on est de plus en plus nombreux à projeter. Mais ce qui m’a frappé est que les produits de nos artisans d’art avaient repris le flambeau du réenchantement du quotidien. Il y avait des couleurs, des formes attractives, de la gaieté et de l’inspiration partout… sans plastique.

Un stand du pop-up artisans lors de la soirée de clôture de IMPULSER 2

Nous sommes aujourd’hui à même de refermer la parenthèse du plastique dans beaucoup de cas et de secteurs de nos existences. En tous les cas, la gaieté a changé de camp et dans bien des cas le plastique doit reculer. Ou la science lui permettre de correspondre aux enjeux de notre siècle.

Je ne refais pas ici le développement que j’ai fait sur Wittgenstein (alors que l’on débouchait les bouteilles de l’apéritif dans mon dos, créant une concurrence fortement déloyale), il fallait venir voir nos artisans, leur grand sourire et le pop-up store dressé pour l’occasion dans Matrice !

François-Xavier Petit, directeur général de Matrice – discours de clôture IMPULSER 2

François-Xavier Petit

Pour vous inscrire à la saison 3 de IMPULSER c’est par ici !

Populaires en ce moments

Vivons une relation épistolaire 2.0

  • des appels à candidatures pour rejoindre nos programmes
  • des offres d’emploi
  • des informations pour améliorer son impact
  • et bien d’autres surprises encore !