Retour sur la clôture d'ATTERRIR, la formation qui accompagne les entrepreneur·e·s en agroécologie
Après des mois de formation et de conception de projet, Les 12 apprenant·e·s du programme Atterrir ont pu célébrer la fin de la formation et le début de leur nouvelle aventure entrepreneuriale. Retour sur la clôture d’Atterrir 1 afin de découvrir les différents projets de nos talentueux·ses lauréat·e·s.
Atterrir, la formation qui fait pousser les entrepreneur·e·s en agroécologie
9 juillet 2021, dans les locaux de Matrice à Paris 15e. Les douze participant·e·s à la formation en agroécologie Atterrir se préparent à passer l’ultime épreuve du pitch en public. C’est leur dernier jour et ils·elles sont ému·e·s d’être arrivé·e·s au terme de ce long parcours de formation qui les a transformé·e·s de porteur·se de projet à entrepreneur·e prêt·e à se lancer.
Retour sur cette incroyable aventure de la formation Atterrir.
Matrice a créé le programme Atterrir en 2020 dans le but d’accompagner des porteur·se·s de projets en agroécologie. Il a été conçu pour être une formation intensive, immersive et ouverte à toute personne ayant un projet professionnel agricole respectueux de l’environnement.
En quoi la formation Atterrir est-elle complémentaire à celle des écoles traditionnelles du monde agricole ?
Cette formation en agroécologie est opérée en partenariat avec l’institut Montpellier Sup Agro, qui encadre la réalisation d’un diagnostic territorial. La formation Atterrir vient en complément des formations en agriculture et prépare à l’aventure entrepreneuriale agroécologique en questionnant et consolidant l’ensemble des dimensions du projet : du financement aux pratiques agroécologiques, en passant par le choix du territoire et le modèle économique.
“Nous sommes tournés vers les porteur·se·s de projets qui s’installent, les agriculteur·rice·s urbain·e·s, les petites exploitations, les projets de transformation ou de vente directe, mais aussi les enfants d’agriculteur·rice·s qui veulent reprendre l’’exploitation différemment et toute autre personne qui désire changer de vie en s’orientant vers la terre”, explique François-Xavier Petit, directeur général de Matrice. “Nous ne sommes pas une formation agronomique, nous venons ensuite, comme un apprentissage de la façon d’encapsuler ces compétences dans un projet entrepreneurial et agroécologique. Nous voulons appliquer cette culture venue des startups à des projets agricoles. L’idée est de travailler dans nos ateliers sur son propre business plan, sa propre approche produit.”
Le programme a été développé sur quelques mois intenses avec des phases de cours et des phases de travail personnel. La formation est mi-présentielle, mi-distancielle. “C’est important, car nous tenons à créer des promotions avec l’esprit de solidarité et de réseau qui va avec. Les porteurs de projet s’apportent ainsi des connaissances et de l’entraide, ce qui est un renfort important dans la conduite de projets”, complète Virginie van de Kerchove, responsable de la formation Atterrir.
Arrivée au sein de Matrice en juillet 2020 pour développer ce programme, Virginie ne pensait pas que cette formation l’emmènerait aussi loin. “J’ai passé vingt ans à faire de l’agroécologie pour aider à fertiliser les sols sur l’île de la Réunion, mais je ne connaissais pas personnellement les contraintes de l’installation d’une exploitation agroécologique. J’ai moi aussi appris énormément de choses sur l’entrepreneuriat, en même temps que les participants. Avec Philippe Hazet, le responsable des programmes entrepreneuriaux de Matrice, nous avons construit un programme personnalisé pour aider chaque projet à pousser. ”
Et c’est réussi ! Aujourd’hui, ces douze aspirant·e·s entrepreneur·e·s agricoles vont pouvoir lancer leur activité.
Alexandra a créé avec un collectif de permaculteur·rice·s l’association Les Fourmis qui jardinent qui promeut l’agriculture urbaine. L’association est lauréate Parisculteurs et a installé fin 2020 une ferme urbaine maraîchère et pédagogique sur des toits-terrasses dans le 13e arrondissement à Paris. L’objectif est de cultiver des fruits et légumes, faire du site un exemple viable de permaculture citadine et de sensibiliser les urbains au bien manger.
Paul est ingénieur agricole. Motivé par l’arboriculture et la fermentation, il souhaite valoriser le terroir breton par l’implantation d’un verger de pommes à cidre, Cidre But(al), sur les terres de sa famille dans le Nord de la Bretagne.
Cécile compte s’installer en Haute-Loire (43) et y développer un lieu de production d’alimentation infantile. Cette ferme pédagogique sera également un lieu d’accueil, d’animation et un atelier de transformation de fruits et légumes bio, le Conservatoire.
Colette reprend des terres familiales pour y développer l’Herbier de Colette. Grâce à ses cultures de plantes aromatiques et médicinales, ses cueillettes sauvages et les fruits de ses vergers, elle y partagera les bienfaits des produits sains et naturels à portée de tou.te.s,
Damien va souhaite se lancer en maraîchage biologique dans l’Hérault sur un terrain de 7500 m² dans un espace test agricole. Il y proposera Prends le melon, une solution alternative à la monoculture du melon en Charentes.
Grégory porte un projet en agriculture urbaine centré sur la production de salades en toitures, Ma salade à toit.
Laurence s’installe dès l’automne prochain dans sa ferme agroécologique diversifiée en Dordogne, Escale à Lagrange ; un lieu d’accueil, de production et de transformation de fruits et légumes biologiques, distribués en vente directe et circuit court. Un écosystème comestible favorable au développement de la biodiversité avec l’usage de techniques respectueuses de la terre et de la microbiologie des sols.
Lucas a lancé la première plantation de thé des Pyrénées, les Terrasses de l’Arrieulat à Argelès-Gazost (65). La plantation fait un demi-hectare et arrivera à maturité d’ici 4 ans. Il vient de boucler avec succès une campagne de parrainage pour démarrer.
Lucas et Vincent ont respectivement travaillé dans l’hôtellerie et l’agriculture en passant par la vente de solutions innovantes. Ils mettront leurs compétences à contribution dans le projet Chenevia, des produits alternatifs bien-être à base de chanvre, en s’appuyant sur les ressources aussi bien sociales que culturelles du territoire morbihannais.
Mikaël envisage la crise environnementale comme une chance de questionner, de créer et de développer de nouveaux modes de production et de consommation. Aujourd’hui, il travaille sur le projet Vivantes, en lien direct avec la nature dans l’univers floral et du thé en Bretagne Nord.
Nicolas travaille aujourd’hui à la création d’une ferme agroécologique périurbaine pour les habitants du territoire, Des fermes pour ma ville. Cette ferme a pour objectif de proposer un modèle réplicable dans d’autres communes de l’Île-de-France. Elle est basée sur une nouvelle organisation du travail permettant d’être maraîcher à temps partiel en parallèle d’une autre activité.
Senthuran détient un Master en “Environnemental Soil Science” et une Maîtrise en agriculture. Il cherche à s’installer comme chef d’exploitation afin de produire des légumes asiatique, en agriculture biologique. Son projet s’appelle la ferme de l’ABSS.
Lorsqu’on leur demande ce qu’ils·elles ont retenu de cette aventure, c’est l’élément humain qui est cité en premier. “Atterrir est un réel booster pour la réalisation du projet : je souhaitais monter une ferme en agroécologie et cette formation m’a amenée à me lancer et à faire les premières démarches pour avoir mon terrain. Aujourd’hui je sais que j’ai toutes les billes pour y arriver et je sais que Matrice est toujours là, donc c’est très rassurant”, explique notamment Laurence.
Grâce aux ateliers de “tissage”, menés par Noreen O’Shea, ils ont pu créer un groupe très soudé qui les a portés tout au long de la formation Atterrir et sur lequel ils comptent s’appuyer pour rester en lien par la suite. Le tissage, c’est l’une des spécificités pédagogiques de Matrice l’École. Des séances de coaching collectif hebdomadaires qui leur ont permis de se construire en tant que groupe d’abord, ce qui est la base de la méthodologie Matrice, puis en tant qu’entrepreneur·e·s. C’est d’ailleurs l’un des modules de formation qui les a le plus touchés. Ce groupe qui les porte aujourd’hui est le fondement de leur projet. Malgré la distance, ils·elles vont se suivre, certain·e·s vont peut-être même travailler ensemble, faire des expérimentations au Nord et au Sud de la France. Mettre en commun leur passion et leurs découvertes nombreuses de ce monde du vivant.
Le mot de la fin revient à François-Xavier Petit : “Ils sont aujourd’hui devenus des penseurs de l’agriculture et de l’alimentation à l’heure de l’anthropocène. Car l’enjeu des relèves agricoles est de repenser leurs métiers, à la fois pour en vivre (d’où l’apport de l’entrepreneuriat) et pour faire de l’agriculture un pilier de la transition écologique.”