Zoom sur EPLEÏ, la solution logistique à portée de main

L'imagerie satellite au service de la logistique, c'est simple comme Eplëi ! Lumière sur le projet innovant issu de la collaboration entre le Centre National d'Études Spatiales, l'Institut Vedecom, Matrice et porté par Lucie Yeresyan.

L’imagerie satellite au service de la logistique, c’est simple comme Eplëi ! Lumière sur le projet innovant issu de la collaboration entre le Centre National d’Études Spatiales, l’Institut Vedecom, Matrice et porté par Lucie Yeresyan.

Et s’il suffisait de claquer des doigts pour trouver l’emplacement parfait pour votre entrepôt ? Avec Epleï, c’est presque le cas : il suffit de cliquer. Quand les images satellites se mettent au service de la logistique cela résulte en un projet réalisé conjointement par le Centre National d’Études Spatiales (CNES)Matrice, l’Institut Vedecom et porté par Lucie Yeresyan, doctorante et entrepreneure


On n’est pas Fred et Jamie mais on vous explique tout juste en dessous ⤵️

Epleï est une solution qui fournit sans déplacement géographique, dans un délai réduit et pour n’importe quel point de la planète des informations aidant à la décision d’implantation d’entrepôts logistiques. En effet, grâce aux images satellites recueillies par le CNES, il est possible de visualiser les espaces en minimisant, voire en supprimant, les déplacements normalement inhérents à la recherche d’un lieu pour établir son entrepôt. En pratique, où que l’on se trouve dans le monde, l’outil permet une économie de ressources (humaines, financières, temporelles) mais limite également la marge d’erreur liée aux appréciations…humaines. Epleï dégage donc un temps précieux qui peut être investi à d’autres escients. 

On vous en dit plus ? Qui mieux que les personnes à l’origine de ce projet pour vous en parler ? On a donc laissé la parole à Lucie Yerseyan qui vous partage son parcours, sa vision et ses ambitions pour la startup.


Matrice : Bonjour Lucie et merci de prendre le temps de répondre à nos questions. Pour commencer, peux-tu nous parler de ton parcours ?

Lucie Yeresyan : J’ai un parcours assez atypique. J’ai fait un bac STG CFE (Comptabilité et Finance d’Entreprise), un DUT GLT (Gestion Logistique et Transport), une licence pro commercialisation des solutions associées au développement durable. Après une pause de 3 ans, j’ai repris mes études pour un Master TLTE (Transport, Logistique, Territoire et Environnement) à la Sorbonne qui a débouché sur un doctorat en aménagement du territoire. Je suis donc en deuxième année de doctorat, ma thèse porte sur l’organisation du marché du transport. A côté de cela, je travaille au sein de l’entreprise familiale de transport et de logistique (Sherpa Express) que je compte reprendre lors de la retraite de mes parents.


Matrice : Pourquoi avoir choisi d’étudier la logistique ? Avais-tu très tôt déjà l’ambition de reprendre l’entreprise familiale ?

Lucie Yeresyan : Je me prédestinais à poursuivre mes études dans le domaine de la filière équine ou agricole, mais je me suis blessée au lycée. J’ai dû revoir entièrement mon orientation. C’est ainsi que ma mère m’a dit de faire le DUT GLT car c’était à côté du bureau et qu’au pire je viendrais travailler avec eux. J’ai pu reprendre l’équitation, et je fais de la compétition pour le plaisir. Passion qui a d’ailleurs marqué d’ailleurs l’équipe du Lab’ Matrice car Etienne (NDLR : Directeur Recherche de Matrice) me définit comme n’ayant « peur de rien, si ce n’est de rater son cours de cheval le mardi soir… ». 


Matrice : Comment t’est venue l’idée d’Epleï ?

Lucie Yeresyan : J’entends régulièrement des retours provenant de clients sur leur expérience d’acquisition immobilière : « je ne pensais pas que l’aire de manœuvre était si petite » et dans le pire des cas : « Nous nous sommes complètement trompés sur la pertinence de ce bâtiment, il faut que l’on s’en sépare et rapidement ». C’est en regardant une image satellite, que j’ai eu l’idée : en prenant de la hauteur, on peut évaluer le bâtiment mais aussi ses environs. Cet angle de vue permettait d’appliquer des éléments théoriques appris lors de mon parcours universitaire et d’appliquer des référentiels sur un seul et même document soit une lecture globale et raisonnée de la situation. 

Matrice : La logistique et les technologies restent des secteurs où les femmes sont sous-représentées, quel est ton sentiment à ce sujet ?

Lucie Yeresyan : Au départ, je ne savais pas comment me positionner au milieu de tous ces hommes faisant parfois des blagues potaches, ou ne m’accordant pas de crédit à ce que je pouvais apporter, me disant bêtement que c’était parce que j’étais une femme qui plus est, jeune. Cette situation a été assez paralysante mais mon père m’a poussée à dépasser cette idée. Ill m’a fait observer, écouter et apprendre les codes liés à ce milieu. J’ai rencontré, par son biais, des personnes expérimentées et passionnées par leur métier. Cela a été un déclic, je dois faire mon travail et ce ne sont pas ce genre de considérations qui doivent être une entrave à cela.

image satellite
Matrice : Peux-tu expliquer le fonctionnement de la solution et le rôle de chacun des partenaires (le CNES, Matrice, l’Institut Vedecom et toi-même) dans la conduite du projet ? 

Lucie Yeresyan : La solution Epleï, c’est de l’observation quantifiable associée à une expertise métier. Nous élaborons une cartographie de précision, avec des points d’intérêt propres au profil de notre client et grâce à cette vision d’ensemble, nous sommes en mesure d’établir un ensemble de préconisation sur la pertinence d’un site logistique.. L’aide du CNES s’est révélée précieuse dans le processus d’acquisition des images satellites et des questions techniques liée à celles-ci. L’Institut Vedecom agit sur terre, nous orientant sur les vides que la solution pourrait combler. Matrice est intervenu sur la partie conseil, à l’entrepreneuriat et au numérique notamment mais aussi sur la gestion de projet. Mon rôle est de de faire le pont entre ces univers et d’aboutir à une solution opérationnelle. 

Matrice : Comment s’est passée la collaboration avec les différents partenaires ? 

Lucie Yeresyan : La collaboration entre l’Institut Vedecom, Matrice et le CNES se résume par : la bienveillance, la passion pour nos métiers et l’échange. Nous ne pouvions pas espérer mieux pour construire un projet. Au-delà des institutions, ce sont avant tout des individus qui se sont investis. Alors j’en profite pour remercier Thierry Chapuis (CNES), Bertrand Leroy (Institut Vedecom) et Etienne Castanet (Matrice). 


Matrice : Quelles sont les actualités à venir pour Epleï ?

Lucie Yeresyan : Pour venir m’épauler, Romain Baillif m’a rejoint dans cette aventure avec un super esprit d’équipe et une réelle volonté de développer et faire rayonner la solution. Nous venons d’être lauréats d’une subvention de la région Île-de-France qui nous autorise à voir grand pour cette aventure ! Notre partenariat avec la mairie du 15ème arrondissement de Paris va nous permettre de réaliser, dans un premier temps une carte interactive. Nous espérons sortir notre site web très prochainement. Une soirée de lancement est en cours de réflexion avec nos partenaires nous souhaiterions la réaliser avant la fin de l’année, si la situation sanitaire le permet évidemment. En attendant, on vous invite à nous suivre sur notre page LinkedIn et Twitter. Vous serez informés des moments forts par ce biais.

Matrice : Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Lucie Yeresyan : Prendre du plaisir avec ce projet, tout simplement ! (et qui sait, peut-être lancer notre propre satellite…)

? La parole aux partenaires : 
Matrice : Pourriez-vous nous dire quelques mots sur Lucie ?

Thierry Chapuis – CNES : L’implication de Lucie et son expérience dans le domaine de la logistique ont été déterminants pour aboutir à un cas d’usage répondant à un besoin industriel. La sélection de ce projet suite à un Appel à Manifestation d’Intérêt fret et logistique de la région Île de France confirme sa pertinence et son potentiel de développement.

Etienne Castanet – Matrice : C’est une boule d’énergie! J’admire sa capacité à aller de l’avant et à explorer des nouvelles voies tout en trouvant et construisant une cohérence entre tous ses projets (son entreprise, sa thèse et cette création de startup). J’apprécie aussi beaucoup sa franchise, son engagement et puis son optimisme, sa confiance car l’aventure dans laquelle elle s’est lancée avec Matrice est quand-même singulière. Son profil est pour moi d’une certaine manière un archétype de l’innovateur de demain : un pied dans la science et la recherche avec la volonté de comprendre le monde et les organisations humaines, l’autre dans la technique avec une faculté à rentrer sur des sujets nouveaux et à savoir s’entourer pour les adresser. Enfin une attention constante aux besoins des destinataires/clients du service et aux enjeux économiques du projet, condition de sa pérennité mais aussi de la capacité à investir pour aller explorer de nouvelles pistes et apprendre.

Bertrand Leroy – Institut Vedecom : L’enthousiasme de Lucie est pour beaucoup dans la réussite du lancement d’Epleï. Son expérience de la logistique et sa formation en géographie seront des atouts décisifs pour mener à bien cette aventure.

Matrice : Que pensez-vous de la solution développée ?

Thierry Chapuis – CNES : La solution proposée par Epleï utilise pleinement les capacités d’observation des satellites de très haute résolution. Elle permet une analyse préliminaire des capacités logistiques d’un site sans nécessiter un déplacement sur le terrain. Ces images permettent au client d’avoir très rapidement une vision globale de l’environnement et peut, par exemple être mise à profit dans une phase de sélection entre différents sites potentiels.

Etienne Castanet – Matrice : Un point fort de la solution est qu’elle repose, au-delà de la technologie, sur une profonde expertise métier du secteur de la logistique. J’aime aussi beaucoup son modèle relativement simple, qui a permis le déploiement rapide d’une offre qui doit trouver son marché puis qui permettra dans un second temps d’identifier de nouveaux besoins et de financer le développement de solutions beaucoup plus complexes, avec je l’espère à terme une très forte intensité scientifique dans le contenu des solutions proposées. L’absence de limite géographique dans les investigations – les satellites ne connaissent pas la notion d’espace aérien et ne sont pas contraints par les frontières – est également assez fascinante et peut offrir de belles perspectives à l’international. Enfin je pense que la force de la solution imaginée est qu’elle peut s’adresser à des acteurs très nombreux et complémentaires : trouver la bonne localisation pour une activité logistique, pouvoir anticiper son activité future et ses opérations, mais aussi penser l’insertion de cette activité dans un quartier, une ville/métropole voire un territoire plus vaste en s’intégrant dans un système de transport mais aussi de multiples strates économiques et sociales, ou encore imaginer et tester de nouveaux modèles logistiques plus efficaces et responsables, ce sont des enjeux pour des acteurs de la logistiques mais aussi les aménageurs, les acteurs de l’immobilier, les financeurs, les pouvoirs publics (d’ailleurs nous collaborons avec la Mairie du 15e dans le cadre d’un programme lancé par la Région Ile de France) et les citoyens!

Bertrand Leroy – Institut Vedecom : Cela correspond en effet à une demande réelle des opérateurs de logistique pour des solutions d’analyse à distance de sites logistiques. Epleï permet d’estimer et qualifier les capacités logistiques sans nécessiter de relevés de mesure et d’inspection sur le terrain.  Grâce au croisement d’informations géographique et économiques avec les images satellitaires, il est ainsi possible de simuler facilement et économiquement les scénarios d’implantation.

Matrice : Pour finir, l’expérience de la collaboration entre le CNES, Matrice et l’Institut Vedecom c’était comment ?

Thierry Chapuis – CNES : Depuis plusieurs années, le CNES, dans le cadre du programme Connect By CNES, est dans une démarche de promotion des technologies spatiales afin de développer de nouveaux usages. En janvier 2019 un partenariat a été signé entre le CNES et l’Institut Vedecom pour collaborer dans le domaine de la mobilité et du véhicule autonome. Le projet avec Matrice s’inscrit dans ce partenariat avec comme objectif d’imaginer un nouveau service dans le domaine de la mobilité basé sur l’utilisation d’images de satellites. Une des clés du succès a été la complémentarité entre les 3 acteurs de ce projet.

Etienne Castanet – Matrice : Ce partenariat tri-partite était particulièrement riche par la complémentarité des partenaires et des profils mobilisés autour de l’équipe projet entre une institution de recherche publique, un ITE associant recherche publique et industriels et Matrice, cet acteur hybride qui explore sans cesse de nouveaux formats pour construire une innovation réellement transformante et utile pour faire face aux grands enjeux contemporains. Nous avons ainsi pu travailler avec des chercheurs du CNES et de l’Institut Vedecom venant de disciplines variées et travaillant sur des champs de recherche différents. Nos échanges ne se sont pas limités à la technologie, même si cela était un enjeu important du projet, et nos partenaires ont pleinement contribué également sur les dimensions marché et business dans un véritable esprit d’équipe. L’équipe projet rassemblée par Matrice était aussi assez unique puisqu’elle réunissait des profils très différent (géographe-professionnelle de la logistique, designer-développeurs et un datascientist spécialisé en océanographie en début de projet). Cette pluralité n’est pas simple tous les jours quand il faut avancer sur un projet, avec des enjeux forts et un calendrier contraint mais au final chacun a apporté sa part pour construire une solution qui ne soit pas un énième POC sans lendemain mais bel et bien un projet innovant pérenne. J’ai également beaucoup apprécié la confiance que nos partenaires nous ont témoigné en se lançant dans un projet exploratoire aux contours volontairement peu définis, ce qui aurait pu être déroutant mais qui permet au final de créer les espaces de liberté pour inventer des solutions originales et décalées par rapport à la vision d’un acteur industriel classique.   

Bertrand Leroy – Institut Vedecom : L’Institut Vedecom et le CNES nouent une relations suivie depuis plusieurs années. Le projet Epleï était une opportunité intéressante pour disséminer et valoriser nos travaux de recherche grâce à Matrice qui a su fédérer et animer une équipe enthousiaste et compétente. Dans la continuité de cette action, le CNES et L’Institut Vedecom sont en discussion pour lancer une action de recherche partenariale sur l’analyse de l’infrastructure logistique à partir d’images satellite. Les résultat de ces travaux pourront ainsi compléter à terme la solution proposée par Epleï.

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